Depuis sa naissance, l’industrie est une source, à la fois, d’activité économique et de risques. Si, pendant longtemps, elle a été surtout considérée sous son aspect d’activité économique, sa face risquée est progressivement devenue un thème majeur de contestation et de débat public. C’est pourquoi le développement des industries à risques passe nécessairement par la prise en considération des deux aspects.

Cette démarche est d’autant plus nécessaire que des tensions fortes s’installent entre les usines et la société civile, entre les salariés et les riverains, comme on l’a vu après la catastrophe d’AZF, à Toulouse, en septembre 2001.

Sous l’impulsion des changements de réglementation (loi Bachelot-Narquin de juillet 20003), de nouvelles pratiques industrielles se dessinent, notamment parce que le « public » (particulièrement les associations de riverains et environnementalistes) et les élus territoriaux ont voulu que s’ouvre à leur regard le fonctionnement des usines. L’extension de la concertation publique sur les risques industriels a traduit cette tendance. Ces dispositifs de concertation mettent en évidence que les points de vue d’où se portent les regards sur l’industrie sont différents. En particulier, si les gestionnaires du risque, industriels et administratifs, s’appuient sur des calculs quant à la possibilité de survenue, le public, lui, s’intéresse d’abord aux effets potentiels d’une catastrophe.

Cette confrontation de points de vues, entre les sites industriels et la société civile, apparaît comme un ressort de l’évolution industrielle.