Invitation à un voyage onirique dans les entrailles de Paris.
Paris flotte-t-il ? a été imaginé par Anaïs Tondeur, artiste, et Germain Meulemans, anthropologue, à partir des récits et légendes sur l’histoire des lieux rencontrés. L'installation convie les visiteurs à une expérience sensorielle et cognitive dans un Paris révélé en cité lacustre bâtie sur pilotis.
L’installation
(15 minutes, 2019)
Installée dans la tour de la chapelle de l’ancienne église Saint-Martin-des-Champs, Paris flotte-t-il ? crée l’illusion d’une plongée sous terre. En ces lieux chargés d’histoire, l’eau s’obstine à s‘infiltrer entre les pierres du dallage. Un sourcier tente de lever le mystère en recherchant une source ou les traces d’une rivière souterraine. Depuis un promontoire évoquant un autel, une dalle ouverte offre une vue plongeante sur un effondrement dans le sol. En suivant les pérégrinations du personnage, le visiteur est aspiré dans les profondeurs sous le musée et le Cnam jusqu’aux anciennes « sources du Nord », à Ménilmontant qui alimentaient jadis le prieuré Saint-Martin-des-Champs.
Paris flotte-t-il ? a été imaginé comme un périscope inversé, inspiré de celui décrit dans le roman d’Umberto Eco, Le Pendule de Foucault, dont l’histoire se déroule au musée des Arts et Métiers. Au début de l’intrigue, le personnage principal du roman se cache dans le périscope qui était l’un des points d’attraction du musée avant sa rénovation. Aucune archive de ce dispositif ne subsiste : entre légende et souvenir, a-t-il réellement existé ?
L’enquête
(novembre 2017 à janvier 2018)
L'artiste et l'anthropologue ont mené une enquête depuis les sous-sols du Cnam, du musée et aux alentours. Dans les réserves du musée, ils ont découvert des objets liés à l’histoire de l’occupation des sous-sols : des plans, des maquettes de réseaux de câbles souterrains et d’égouts. Ils ont aussi rencontré des chercheurs du Cnam, spécialistes de la géotechnique, cette discipline « invisible » sans laquelle il n’y aurait pas de construction. Ils ont visité les sous-sols, construits sous la nappe phréatique, où des stations de pompage relèvent les eaux en cas d’inondation, et le puits situé sous le parvis du musée.
En suivant la piste de l’existence hypothétique de ruisseaux souterrains irriguant le quartier des Arts et Métiers, l’artiste et l’anthropologue ont ensuite exploré les voies souterraines de Paris avec les membres de l’Inspection générale des carrières et rencontré les puisatiers mineurs qui consolident les sous-sols. Leur périple s’est achevé au regard de la Lanterne où l’on peut encore voir les vestiges de la rivière et de l’aqueduc de Belleville qui fournissait l’eau au prieuré.
Les artistes
Anaïs Tondeur, artiste chercheuse, est diplômée du Central Saint Martins College of Art and Design et du Royal College of Arts (Londres). Sa pratique artistique se forme au point de rencontre entre les disciplines. Liant les sciences naturelles et l'anthropologie, la fabrication de mythes et les nouveaux médias, elle crée des récits spéculatifs par lesquels elle expérimente d'autres conditions d'être-au-monde.
Germain Meulemans est postdoctorant en anthropologie au Centre Alexandre Koyré (EHESS/CNRS/MNHN). Il s’intéresse aux environnements anthropisés et aux implications épistémologiques et méthodologiques que leur étude amène en sciences naturelles et en sciences sociales. Ses recherches actuelles portent sur les sols urbains, un thème qui fait aujourd’hui l’objet d’un intérêt nouveau dans les mondes de la science des sols et de l’aménagement urbain.
Autour de l’exposition
Un livret de présentation de Paris flotte-t-il ?, avec un texte inédit de Tim Ingold, anthropologue à l’université d’Aberdeen, sera mis gratuitement à disposition des visiteurs.