Quels sont les mécanismes qui impriment les souvenirs dans notre cerveau ? Comment un souvenir se conserve-t-il pendant des années ? La mémoire n’est pas qu’un enregistrement passif de nos expériences vécues, elle intègre notre interprétation de l’événement ainsi que notre propre histoire. Elle est aussi plurielle : mémoire à court terme... mémoire de travail et mémoire à long terme. Au niveau moléculaire, chaque souvenir est associé à un assemblage spécifique, mais remodelable, de neurones, qui fait aussi l’objet d’un ensemble de mécanismes de consolidation. Mais la mémoire c’est aussi l’oubli… ils partagent le même objectif : gérer de façon optimale la montagne de souvenirs qu’engendre la vie quotidienne.

La mémoire envisagée comme  « collective » relève de toutes les formes de la présence du passé dans une société. Elle renvoie aux souvenirs d’une expérience partagée, aux commémorations, monuments, musées, archives, enseignement de l’histoire, mises en récit et usages politiques du passé. La « mémoire » est de fait dotée d’une forte polysémie, et ce d’autant plus que la notion circule aujourd’hui entre différentes sphères, scientifique, politique, médiatique. Plus souvent pensée à l’échelle de la nation, dont elle manifesterait tantôt l’unité, tantôt la diversité voire l’éventuelle fragmentation, elle est constituée en enjeu, parfois disqualifiée au nom du droit à l’oubli et à l’apaisement des conflits issus du passé. À ce titre, elle renvoie à la question des identités et à celle de l’influence de la mémoire – ou des mémoires -  sur la construction ou la pérennité de celles-ci. Peut-on influencer la mémoire ?  Ce qui se donne à voir ou à entendre dans l’espace public a- t-il un effet sur les souvenirs dont sont porteurs les individus ?