L’œuf électrique de Paul Arzens

Tout en rondeur et en brillance, l’œuf électrique est une automobile plus qu’atypique, véhicule unique qui surprend encore aujourd’hui par la modernité de sa conception et de ses lignes.

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collections oeuf électrique Arzens

L'Œuf électrique de Paul Arzens, Inv. 40937 © Musée des Arts et Métiers / C. Compan

Formé à l’École nationale supérieure des Beaux-Arts de Paris, Paul Arzens (1903-1990) est connu pour avoir dessiné de nombreux véhicules ferroviaires pour la SNCF et Alsthom. On lui doit notamment les faces arrondies des motrices électriques de la famille « Jacquemin » (BB 9200, BB 16000 et BB 25200) des années 1960, ou encore le profil « nez cassé » des locomotives des années 1970 (CC 6500, CC 21000, BB 15000). Parallèlement à ces travaux, Arzens met à profit une créativité prolifique pour dessiner des avions futuristes et pour construire des véhicules automobiles. En 1938, il s’approprie le châssis d’une Buick Standard américaine et l’habille d’une imposante et impressionnante carrosserie inspirée de l’aviation, donnant ainsi naissance à la « Baleine » (inv. 40938).

Quatre ans plus tard, contournant les restrictions de carburant imposées par l’Occupant, Arzens conçoit un véhicule révolutionnaire : l’œuf électrique. Mobilisant des matériaux légers et modernes, l’aluminium et le Plexiglass, Arzens imagine une caisse ne comportant qu’un seul espace dans lequel peuvent prendre place le conducteur et un passager. Le châssis est constitué d’un tube en Duralinox relié à la fourche « élastique » de la roue arrière : cette disposition permet de garder une assiette correcte tout en plaçant le centre de gravité très bas, d’où un confort de conduite des plus agréables. À l’arrière, Arzens place cinq batteries totalisant un poids de 300 kilogrammes, offrant une autonomie de 100 kilomètres et autorisant une vitesse de 70 kilomètres/heure.

La guerre finie, les batteries sont remplacées par un moteur thermique à essence Peugeot de 125 centimètres cube. Resté propriété d’Arzens jusqu’à son décès en 1990, l’œuf électrique rejoint les collections du musée des Arts et Métiers en 1993 dans le cadre d’une exceptionnelle dation comprenant les principales automobiles du designer et des modèles réduits ferroviaires. Les automobiles sont depuis déposées à la Cité de l’automobile de Mulhouse (Haut-Rhin).