Très souvent inconnues du public, les réserves des musées constituent la partie immergée de « l'iceberg ».
Les Réserves du musée des Arts et Métiers à Saint-Denis
© Musée des Arts et Métiers-Cnam, Paris / photo Luc Bœgly
La majeure partie du travail de conservation des œuvres – inventaire, étude, recherche, restauration – est réalisée aux réserves. Peu visible, cette intense activité contribue à enrichir la connaissance des collections et assure la conservation, pour les générations futures, d’un patrimoine unique.
La rénovation du musée des Arts et Métiers, opérée entre 1992 et 2000, posait comme préalable la construction de nouvelles réserves, répondant à des exigences précises en termes de sécurité, de rangement, de conservation, de traitement et d’exploitation. Un vaste bâtiment, œuvre de l’architecte François Deslaugiers, a ainsi été édifié entre 1993 et 1994 à Saint-Denis. Après un extravagant déménagement, les collections ont pu prendre place dans des locaux bien mieux adaptés que les anciens greniers, caves et placards de la rue Saint-Martin.
Ce nouvel espace de réserves offre l’occasion d’étudier et de valoriser des pans entiers de collections jusqu’alors difficilement accessibles. Depuis plus de dix ans, le musée les redécouvre au prix d’un travail systématique et rigoureux, conduit par une équipe pluridisciplinaire.
Zone de conservation des réserves du musée des Arts et Métiers.
© Musée des Arts et Métiers-Cnam, Paris / photo Luc Boegly
Aucun objet n’échappe au service de l’inventaire qui décline l’identité de chacun d’entre eux dans une rigoureuse fiche d’identification : numéro, désignation, auteurs, matières, poids, taille, date d’arrivée, état sont systématiquement repris, vérifiés et enregistrés. Cette comptabilité est une obligation réglementaire des musées de France qui doivent en vérifier l’exactitude tous les dix ans aux cours d’opérations de récolement. L’inventaire permet de consigner la vie de l’objet. Il est aussi le fer de lance de nombreuses opérations de gestion : préparation et suivi des prêts et dépôts, des expositions, programmation des restaurations, gestion des espaces de stockage. L’inventaire est un outil de connaissance et de mémoire.
Dans une réserve, les mouvements sont nombreux. Des œuvres circulent, quittant étagères, vitrines ou tiroirs pour les ateliers de restauration, le studio photographique, les salles de travail ou les espaces d’exposition du musée. Si leur état de conservation le permet, quelques-unes partent vers des destinations plus lointaines pour être prêtées à d’autres musées. L’ensemble de ces mouvements est assuré par le service de la régie des œuvres. Tous les dangers (vol, perte, bri, dégradation), se concentrent lors de ces opérations qui demandent à être bien planifiées et confiées à des personnels capables de prévenir toute erreur de manipulation. Ce service, dont les activités sont particulièrement transversales, joue un rôle essentiel en matière de sécurité et de conservation des objets.
L’équipe de restaurateurs du musée intervient principalement sur le métal et le bois, très largement présents dans les collections. Mais elle pratique aussi le traitement par anoxie des infestations d’insectes xylophages et s’est formée dans d’autres domaines. Elle intervient sur des restaurations fondamentales, des constats d’état ou encore sur la conservation préventive. Les priorités sont fixées en concertation avec les responsables de collections et l’ensemble des équipes en fonction des urgences mais également des prêts consentis à d’autres musées.
Zone de traitement des réserves du musée des Arts et Métiers.
© Musée des Arts et Métiers-Cnam, Paris / photo Luc Boegly