Dans les toutes premières années du XIX
e siècle, Claude et Nicéphore Niépce imaginaient un moteur d’un genre nouveau. Baptisé « Pyréolophore », il s’agissait d’une machine expérimentale à combustion interne : l’énergie thermique dégagée par la combustion d’une poudre était convertie en énergie mécanique à l’intérieur même du moteur, contrairement aux machines à vapeur en usage à la même époque. Mentionné par Lazare Carnot devant l’Académie des sciences en décembre 1806, le Pyréolophore fait l’objet d’un brevet d’invention en 1807 et est utilisé comme machine motrice d’un navire évoluant sur la Saône.
Le cycle de la machine, assez lent (on en compte environ douze par minute), se traduit par une aspiration puis par le refoulement d’eau, qui fait du Pyréolophore une machine à réaction. Le rendement du Pyréolophore reste très limité, et le manque de moyens ne permet pas aux frères Niépce de poursuivre leurs expériences afin de faire de cette invention un vrai moteur industriel. Mis au point une vingtaine d’années avant la formalisation, par Lazare Nicolas Sadi Carnot, du cycle idéal du moteur thermique (cycle de Carnot), le Pyréolophore n’en demeure pas moins un objet d’importance. Son principe de fonctionnement trouvera, au milieu du XIX
e siècle, une descendance dans les moteurs à combustion interne.
L’original n’existe plus, mais en 2017, l’École de photographie Spéos, propriétaire du Musée maison Nicéphore Niépce à Saint-Loup-de-Varennes (Saône-et-Loire), a proposé de faire réaliser une reproduction. C’est ce modèle qui vient d’être mis en dépôt au musée des Arts et Métiers pour une durée de 5 ans. Comportant plusieurs coupes, s’inscrivant ainsi dans la typologie des modèles spécialement disposés pour améliorer leur lisibilité, il est exposé dans le domaine de l’Énergie à proximité des modèles de moulins à vent et de pompes à feu, et vient introduire la filière des moteurs à combustion interne, où l’on retrouve notamment le moteur à gaz d’Étienne Lenoir.