Autodidacte, passionnée par l’enseignement, Madame de Genlis prodigue une éducation des plus complètes aux jeunes princes dont elle a la charge. Ainsi, outre la lecture, l’écriture, l’enseignement des arts ou la gymnastique, elle s’attache à faire découvrir à ses élèves les sciences appliquées et les techniques. Elle leur fait ainsi visiter des manufactures, leur montre de nombreux métiers et les invite à exercer leur sens de l’observation sur des jouets éducatifs spécialement commandés pour l’occasion.
L’
Encyclopédie dirigée par Diderot et d’Alembert, et la
Description des arts et métiers, de l’Académie des sciences, sont autant de sources d’inspiration pour élaborer la reproduction, avec des modèles réduits, de certains des ateliers représentatifs de la production artisanale de l’époque.
À la demande de Madame de Genlis, treize maquettes furent ainsi commandées en 1783 par le duc d’Orléans et son fils, le duc de Chartres, à Jacques Constantin et Auguste Charles Périer, constructeurs de machines et en particulier de la première pompe installée à Chaillot pour alimenter Paris en eau. Supervisant la réalisation de ces maquettes des plus détaillées, les deux frères en confièrent la fabrication à François Étienne Calla, élève du célèbre mécanicien Jacques Vaucanson. Une fois achevées, les maquettes sont venues orner une galerie dédiée aux objets d’arts et métiers installée chez le duc de Chartres, au Palais-Royal. Déposées au Louvre dans les locaux de l’ancienne Académie des sciences pendant la Révolution, les maquettes rejoignent le Conservatoire des arts et métiers en 1802.
Cet atelier de menuisier permet de considérer le travail du bois à travers trois grandes activités : la première touche l’ébénisterie, c’est-à-dire la fabrication de meubles et de lambris, à l’aide de techniques délicates comme la marqueterie, la tabletterie ou le placage ; la deuxième concerne la construction de voitures, charrettes et carrosses dans l’atelier du charron ; la troisième touche enfin l’art de bâtir, qu’il s’agisse en particulier d’échafaudage ou de charpentes. La maquette de l’atelier du menuisier compte ainsi trois établis, correspondant à ces trois grands domaines, et il présente les outils typiques du menuisier : scies, ciseaux, rabots, varlopes et autres trusquins. La maîtrise du travail du bois reste essentielle, de nombreux objets, outils et machines étant construits avec ce matériau.
Remarquable de par sa provenance mais également par sa facture et l’extrême souci du détail, cette maquette est actuellement présentée dans l’exposition
18e, aux sources du design, chefs-d’œuvre du mobilier 1650 à 1789, où elle vient mettre en perspective d’importantes pièces de mobilier, significatives du point de vue des formes, des techniques, des décors et des matériaux.
Madame de Genlis
Stéphanie Félicité du Crest de Saint-Aubin, par son mariage comtesse de Genlis, est née en 1746 en Bourgogne. Ayant reçu une éducation soignée, elle connaît les classiques de la littérature française, joue du clavecin et de la harpe, chante, écrit des romans. Sa culture et ses relations lui permettent d’entrer au service de la duchesse de Chartres, belle-fille du duc d’Orléans, cousin du roi. Devenue la maîtresse du duc de Chartres, elle gagne néanmoins l’estime de la duchesse qui lui confie l’éducation de ses filles. En 1782, à 36 ans seulement, Madame de Genlis est nommée « gouverneur » des enfants du duc de Chartres, parmi lesquels Louis-Philippe, futur roi des Français.