Faire un geste implique de se confronter à l’insaisissable. Un geste n’est ni simplement mécanique comme l’est un mouvement, ni pleinement sémantique comme peut l’être un signe, ni foncièrement intentionnel comme doit l’être une action. L’idée de « geste » échappe aux catégories de sens les plus classiques et ne se développe jamais comme une notion autonome. Claude Lévi-Strauss, dans son introduction à l’œuvre de Marcel Mauss, notait que les gestes, malgré leur apparente insignifiance, attestent souvent mieux des activités humaines que des gisements archéologiques ou des monuments figurés. Depuis le travail de Mauss dans les années 1930, on sait en effet que les techniques du corps sont des constructions sociales et que les étudier permet de mettre au jour des logiques d’actions que l’on ne pourrait saisir autrement.