« Je parle, donc je suis » ou le mythe de la Tour de Babel
« Je parle, donc je suis » ou le mythe de la Tour de Babel
Conférences et débats - Dialogues - Des clés pour comprendre
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Entrée gratuite, dans la limite des places disponibles.
Inscription fortement recommandée : musee-conf@cnam.fr
Billets à retirer à l'accueil du musée.
Amphi Abbé Grégoire
Construit à la fin des années 1840, cet amphithéâtre du Conservatoire accueille aujourd’hui des cours, conférences et colloques.
Lorsque les hommes décident de construire la tour de Babel pour atteindre le ciel, ils provoquent la colère de Dieu qui brouille alors leur langue afin qu'ils ne puissent plus se comprendre. Si parler est encore « le propre de l’homme », on dénombre aujourd’hui environ 5000 langues dont beaucoup sont en voie de disparition. Les langues naturelles sont des systèmes vivants qui changent, interagissent et se transforment. Derrière leur apparente diversité, les linguistes essaient de traquer des fonctionnements communs, pendant que les informaticiens tentent de les modéliser. L’ingénierie linguistique permet ainsi de fouiller des textes afin d’en extraire l’information, grâce à des méthodes statistiques mais aussi des approches basées sur l’analyse syntaxico-sémantique. Certaines applications font déjà partie de notre quotidien, même si aucune machine n’a encore réussi le test de Turing : être indiscernable d’un humain dans une situation de dialogue.
Traduire est avant tout savoir lire, mais est-ce inévitablement trahir ? Sans aucun doute, on ne peut espérer tout traduire sans perte, car passer d’une langue à l’autre, c’est bien passer d’une pensée à l’autre, et d’une culture à une autre. Et pour bien parler sa langue, il faut pouvoir la comparer : avec mind, entend-on la même chose qu'avec Geist ou qu'avec esprit ; Pravda, est-ce justice ou vérité, et que se passe-t-il quand on rend mimêsis par imitation ? Tous les mots et concepts ne sont pas superposables, certains termes résistent singulièrement à la traduction. L’intraduisible devient alors ce qu’on ne cesse pas de (ne pas) traduire. Comment respecter la diversité des langues et leur richesse inépuisable, sans renoncer à rendre accessible leurs nuances ? Comment lutter contre le globish , ce « tout à l’anglais » qui n’est plus une langue mais un simple moyen de communication internationale entrainant un appauvrissement de la pensée ? Les langues sont-elles condamnées à devenir des dialectes à préserver comme des espèces menacées ?
Avec Barbara Cassin, directrice de recherche au CNRS, Centre Léon Robin de recherches sur la pensée antique (CNRS - Univ. Paris-Sorbonne - ENS Ulm) et Isabelle Tellier, professeur de linguistique informatique à l'université Sorbonne Nouvelle - Paris 3.
Le 4e jeudi du mois, de 18h30 à 20h. Parce que les innovations suscitent chaque jour de nouvelles interrogations, scientifiques, ingénieurs et citoyens se mobilisent pour la société de demain.