Hippothèque
Du Mardi 24 juillet 2001 au Jeudi 24 janvier 2002
Du 24 juillet 2001 au 24 janvier 2002, le Cabinet des dessins propose, à travers quatorze planches, « une hippothèque » dédiée au cheval.
Buffon voyait dans le cheval « la plus noble conquête » de l’homme. Formule idéale en ce qu’elle dit l’hiératique beauté, la prestance d’un animal d’exception, dont la crinière et le galop ont nourri les plus beaux mythes de l’Antiquité. En ce qu’elle souligne aussi les affres d’une domestication dont les techniques ont largement profité. Loin des Pégase et autres chevaux de légende, c’est cet aspect plus pragmatique et plus quotidien que nous donne à voir, grâce aux très beaux dessins du « Portefeuille industriel » la multitude des situations et des contraintes auxquelles le cheval, de par sa force et sa docilité, s’est exposé entre les mains aliénantes de l’homme. Cheval des villes ou des champs, tractant, portant, tournant, manœuvrant… Cheval des temps de guerre, prêt au combat ; ou des heures de plaisir, déguisé pour la parade. Triste et sublime conquête en effet - utile et vitale parfois - que le cheval !
Pour autant, à travers lui, mythe et réalité se réconcilient parfois. N’est-il pas celui qu’entre tous les mammifères, l’artiste aime à sculpter en majesté dans la pierre ; celui qu’on métaphorise jusque dans le vocabulaire de l’automobile ? Et le bel Eclipse, vedette des concours hippiques anglais à la fin du XVIIIe siècle, ne témoigne-t-il pas, à travers la superbe aquatinte qui ouvre le parcours, de l’ambivalente image du cheval, jouet de l’homme, esclave qu’affranchit pourtant de toute chaîne la supériorité de l’élégance et du dédain ?