Internet est un océan mondial sur lequel flotte le Web. Sous ce Web « public », se trouve le « Deep Web », le Web profond, qui regroupe les sites librement accessibles mais non indexés par les moteurs de recherche. Descendez encore, et vous trouverez le Darknet, territoire abyssal fréquemment décrit comme « obscur », une « zone de non-droit » qui focalise tous les fantasmes et encourage la suspicion : pour le citoyen lambda, le Darknet est terrifiant. Sa médiatisation repose d’ailleurs largement sur les ventes, bien réelles, qui s’y déroulent : drogues, armes et pédo-pornographie, le tout payé en crypto-monnaie.
Mais les darknets sont avant tout des réseaux virtuels anonymes, chiffrés, difficilement repérables et conçus pour fonctionner avec un nombre restreint de contacts connus. Autant de caractéristiques recherchées par les utilisateurs de ces « réseaux dans le réseau » : criminels, certes, mais aussi dissidents politiques, journalistes, communautés persécutées vivant dans les pays où la liberté d'expression n’existe pas. Et où la garantie de l’anonymat peut faire la différence entre la vie et la mort.
Plus généralement, les personnes souhaitant fuir la géolocalisation, la publicité ciblée, le traçage des données personnelles ou des historiques de navigation utilisent les darknets. À la croisée des évolutions techniques et des dynamiques sociales, ces « îles en réseau » sont-elles des utopies libertaires réalisées ?