Conserver : un défi quotidien pour le musée

La restauration, ponctuelle et très exceptionnelle dans la vie d’un objet, n’a ni les moyens, ni l’ambition de ramener ce dernier à un état antérieur.
Elle trouve ses limites dans l’instabilité*, la dégradation, les interactions difficilement maîtrisables des matériaux et l’ampleur de la tâche face à une collection aussi riche que celle du musée des Arts et Métiers. Dans l’état actuel des recherches, certains objets sont condamnés de manière irréversible ; d’où la nécessité d’agir sur les paramètres permettant de ralentir ou de maîtriser les dégradations.
Instabilité : tendance naturelle de certains matériaux à se dégrader dans le temps, impactant directement la pérennité des objets.
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01│Aéroplane Blériot XI ayant traversé la Manche, Louis Blériot, 1909 (inv. 14272)
Intervention d’un restaurateur spécialisé support toile, 1996, 2008
Les toiles du fuselage et des ailes ont fait l’objet d’un long travail qui a permis de documenter l’histoire de l’objet. Des housses protègent les toiles en soie artificielle enduite, très fragile, contre les ultra-violets. L’ensemble est dépoussiéré lors d’interventions spectaculaires.
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Les facteurs de dégradation

L’environnement est un facteur de dégradation important pour les collections. Pour assurer leur conservation, on contrôle le climat (température, humidité relative*), la lumière, la pollution ou les agents de contamination biologiques (rongeurs, insectes*, moisissures*). Loin devant les facteurs de dégradation environnementaux, le risque accidentel représenté par l’homme — stockage et manipulations inadaptés — demeure le plus important. La prise en compte et la gestion de ces risques relèvent de la conservation préventive, qui concerne l’ensemble des acteurs du musée. Le visiteur a aussi son rôle à jouer pour préserver le patrimoine, en observant les consignes et en respectant les collections exposées.

Pour aller plus loin

Humidité relative : caractérise la quantité d’eau présente dans l’air à une température donnée ; elle impacte directement le comportement et le vieillissement de certains matériaux et doit donc être surveillée et maîtrisée
Insectes : les insectes les plus nuisibles pour les collections appartiennent à deux grandes familles : les xylophages qui mangent le bois (vrillettes, capricornes…) et les kératinophages qui s’attaquent aux tissus (mites).
Moisissures : champignons microscopiques qui se développent dans des conditions de température et d’humidité relativement élevées. Ces champignons tachent, fragilisent ou détruisent les matériaux dont ils se nourrissent.
02│Matériel de conservation, 2014
Différents outils sont utilisés pour mesurer la température et l’humidité relative de l’air (thermo-hygromètre), l’intensité lumineuse (luxmètre) ou détecter la présence d’insectes (pièges).
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Les facteurs de dégradation

L’environnement est un facteur de dégradation important pour les collections. Pour assurer leur conservation, on contrôle le climat (température, humidité relative*), la lumière, la pollution ou les agents de contamination biologiques (rongeurs, insectes*, moisissures*). Loin devant les facteurs de dégradation environnementaux, le risque accidentel représenté par l’homme — stockage et manipulations inadaptés — demeure le plus important. La prise en compte et la gestion de ces risques relèvent de la conservation préventive, qui concerne l’ensemble des acteurs du musée. Le visiteur a aussi son rôle à jouer pour préserver le patrimoine, en observant les consignes et en respectant les collections exposées.

Pour aller plus loin

Humidité relative : caractérise la quantité d’eau présente dans l’air à une température donnée ; elle impacte directement le comportement et le vieillissement de certains matériaux et doit donc être surveillée et maîtrisée
Insectes : les insectes les plus nuisibles pour les collections appartiennent à deux grandes familles : les xylophages qui mangent le bois (vrillettes, capricornes…) et les kératinophages qui s’attaquent aux tissus (mites).
Moisissures : champignons microscopiques qui se développent dans des conditions de température et d’humidité relativement élevées. Ces champignons tachent, fragilisent ou détruisent les matériaux dont ils se nourrissent.
03│Facteurs de dégradation
Parmi les principaux facteurs de dégradation des collections figurent la lumière naturelle (décoloration d’un fragment de papier-peint), de mauvaises manipulations (traces de doigts générant une oxydation du métal, bris d’objets fragiles), des infestations biologiques (trous d’envol d’insectes xylophages).
 
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Des espaces et des matériaux adaptés

La création de centres de conservation, à l’instar des réserves du musée des Arts et Métiers, construites en 1994, offre la possibilité de conserver et d’étudier les collections dans des conditions favorables grâce à la qualité et la stabilité du climat, à un rangement rationnel et maîtrisé ainsi que la présence sur place de personnels qualifiés. Les œuvres sont conditionnées de manière spécifique afin de limiter au maximum les manipulations directes. Ainsi, seuls des produits de conservation dits neutres, c’est-à-dire chimiquement stables dans le temps et ne dégageant pas de polluants, sont utilisés pour le conditionnement (mousses, boîtes, soclages).

Pour aller plus loin

04│Conditionnement de collections textiles
Conserver des textiles de grand format pliés fragilise le tissu et risque d’en casser les fibres. Ces textiles sont donc roulés et protégés de la lumière par du Tyvek. Les rouleaux sont ensuite suspendus sur un portant mobile afin d’éviter qu’ils ne s’affaissent et s’écrasent sous leur propre poids.
05│Anciennes réserves du Musée des arts et métiers, années 1980
Avant la rénovation du musée, opérée dans les années 1990, les collections non exposées étaient conservées de manière peu satisfaisante sous les combles.
 06│Les réserves du musée des Arts et Métiers, 2014
Aménagées en 1994, les réserves abritent les collections dans des mobiliers adaptés, racks en acier, étagères mobiles, grilles, tiroirs. Les rangements sont garnis de matériaux neutres pour éviter les vibrations et caler les objets les plus fragiles. Les plus volumineux sont installés sur des palettes.
 
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Des espaces et des matériaux adaptés

La création de centres de conservation, à l’instar des réserves du musée des Arts et Métiers, construites en 1994, offre la possibilité de conserver et d’étudier les collections dans des conditions favorables grâce à la qualité et la stabilité du climat, à un rangement rationnel et maîtrisé ainsi que la présence sur place de personnels qualifiés. Les œuvres sont conditionnées de manière spécifique afin de limiter au maximum les manipulations directes. Ainsi, seuls des produits de conservation dits neutres, c’est-à-dire chimiquement stables dans le temps et ne dégageant pas de polluants, sont utilisés pour le conditionnement (mousses, boîtes, soclages).

Pour aller plus loin

07│Différents types de conditionnements, 2014
Des conditionnements sur-mesure sont fabriqués pour les œuvres les plus fragiles : des ampoules anciennes ont par exemple été repositionnées dans un plateau recouvert de matériaux neutres où des compartiments ont été aménagés. On peut également rassembler des pièces détachées ou des éléments amovibles pour éviter les risques de perte.
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Matériaux d'emballages

De gauche à droite :
Rouleau de toile de coton écru décati et bobine de ruban en sergé de coton. Pour le conditionnement de textiles en rouleau, comme support pour l’exposition avec la toile. Pour la fermeture de boîtes, dossiers d’archives, rouleaux textiles et maintien de pièces détachées avec le ruban.
Plaque de carton ondulé et feuille de papier cartonné. Pour la confection de boîtes, portfolios et supports avec le carton. Pour la confection de pochettes, chemises, enveloppes pour ranger les collections d’art graphique ou photographiques avec le papier cartonné.
Plaque cannelée en polypropylène 90% et polyéthylène 10%. Pour la fabrication de boîtes, pour des objets, archives ou livres, séparateur en tiroirs et fonds pour des encadrements.
Film complexe triple couche, en polyéthylène/polyester/ aluminium. Pour garantir l’étanchéité à l’intérieur des caisses de transport, la confection d’enveloppes ou de housses pour des traitements par anoxie.
Non tissé en polyéthylène. Pour l’habillage des supports et des calages en mousse parfois jugée trop abrasive pour les collections, la fabrication de housses et d’étiquettes.
Film en polyester. Isolant pour éviter le contact entre certains matériaux et pour l’encapsulage de documents graphiques et d’archives.
Mousse en polyéthylène. Pour la fabrication de calages, supports, pour garnir les étagères, tiroirs, boîtes, plateaux et panières.
Mousses en polyéthylène de différentes épaisseurs, densités et textures. Pour la fabrication de socles, supports, calages permanents, capitonnage de boîtes et de caisses de transport.
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Des matériaux problématiques

Certains matériaux organiques* comme les textiles, les papiers ou les procédés photographiques sont particulièrement sensibles à la lumière. On cherche donc à réduire l’intensité lumineuse à laquelle ils sont exposés, afin de conserver leurs propriétés et prolonger leur durée de vie. La diversité des matériaux contemporains constitue pour les musées un autre défi de taille. La durabilité des matériaux artificiels ou de synthèse, les plastiques en particulier, est inégale et parfois très courte. Les films en nitrate de cellulose des premiers temps du cinéma et de la photographie sont inflammables. Leur préservation passe donc par la copie et le transfert. Dans le domaine de l’informatique ou de l’électronique se pose le problème de la conservation des composants, mais surtout de la sauvegarde des programmes, logiciels et fichiers qui deviennent rapidement illisibles au gré des évolutions technologiques.

Pour aller plus loin

Matériaux organiques : matières d’origine naturelle fabriquées par des êtres vivants tels que le bois, certaines fibres, l’ivoire ou le cuir. Elles s’opposent aux matières inorganiques comme les métaux, les minéraux et le verre.
08│Volant d’automobile en matière moulée, Quillery, 1947
Service de l’inventaire du musée, suivi régulier depuis 2009
Déballé de son conditionnement de transport en 2009, ce volant dégageait une forte odeur de vinaigre caractéristique des dégradations de l’acétate de cellulose. Instable et sensible à la chaleur et à l’humidité, les altérations de cette résine sont irréversibles et affectent les autres matériaux. Pour absorber les émanations d’acide acétique, des sachets de charbon actif ont été placés autour de l’objet.
 
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Des matériaux problématiques

Certains matériaux organiques* comme les textiles, les papiers ou les procédés photographiques sont particulièrement sensibles à la lumière. On cherche donc à réduire l’intensité lumineuse à laquelle ils sont exposés, afin de conserver leurs propriétés et prolonger leur durée de vie. La diversité des matériaux contemporains constitue pour les musées un autre défi de taille. La durabilité des matériaux artificiels ou de synthèse, les plastiques en particulier, est inégale et parfois très courte. Les films en nitrate de cellulose des premiers temps du cinéma et de la photographie sont inflammables. Leur préservation passe donc par la copie et le transfert. Dans le domaine de l’informatique ou de l’électronique se pose le problème de la conservation des composants, mais surtout de la sauvegarde des programmes, logiciels et fichiers qui deviennent rapidement illisibles au gré des évolutions technologiques.

Pour aller plus loin

Matériaux organiques : matières d’origine naturelle fabriquées par des êtres vivants tels que le bois, certaines fibres, l’ivoire ou le cuir. Elles s’opposent aux matières inorganiques comme les métaux, les minéraux et le verre.
09│Boîte contenant des négatifs photographiques en nitrate de cellulose dégradé, 2014
Ces négatifs en nitrate de cellulose font partie d’un fonds d’architecte du début du XXe siècle. Le film souple en nitrate est très gondolé et devenu rigide et cassant. Seule une reproduction sur un autre support peut assurer la transmission de l’image.
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Générique de l'exposition

Cette version numérique de l'exposition De la soierie au moteur. Dans les coulisses de la restauration est une adaptation de l’exposition Objets restaurés, patrimoine exposé, présenté en 2014, dont le commissariat était assuré par Anne-Laure Carré et Dominique Vandecasteele.  

Rédaction des textes
Anne-Laure Carré, Rémi Catillon, Céline Daridan, Lionel Dufaux, Lucie Lohier-Fanchini, Perrine Starck.
 
Graphisme et impression
Cendrine Bonami-Redler, Objectif numérique
 
Crédits photographiques

Musée des Arts et Métiers :
©Photos Michèle Favareille, Hélène Mauri, Charlotte Compan, Pascal Faligot, Sylvain Pelly, Luc Boegly, Fred Behar, Céline Daridan, atelier de restauration, service de l’inventaire, régie, photo studio Cnam.
 
Restaurateurs :
©Thalia Bajon-Bouzid, Adèle Cambon, C2RMF, Ingrid Léautey, Sylvain Lucchetta, Antoinette Villa.
 
Remerciements 
Thalia Bajon-Bouzid, Adèle Cambon, Anne Courcelle, Agnès Conin-Van Lancker, Patricia Dal-Pra, Dalila Druesne, Valentine Dubard, François Duboisset, Marie-Noëlle Laurent-Miri, Ingrid Léautey, Sylvain Lucchetta, Louisiane Rios, Emilie Rouquié, Guy Scherrer, Agathe Strouk, Antoinette Villa, Marc Voisot et Alice Vrinat.